L’impasse syrienne.

L’information tourne en boucle, l’occident va attaquer la Syrie de Assad du fait d’une attaque chimique contre la population civile.  L’ONU étant bloquante pour la France, l’Angleterre et les USA, il semblerait que le Conseil de Sécurité soit contourné. Cette idée ne me plait pas et va contre les traditions diplomatiques de notre pays. Surtout que la France avait pour la Libye ou le Mali demandé l’accord de l’ONU.

L’utilisation d’arme chimique semble réelle, le responsable toujours pas prouvé même si  on peut penser que  Assad est le coupable probable. Je ne parlerai donc pas de responsabilité ici, ni même de savoir si cette intervention est juste ou morale, mais plutôt des conséquences. Je préviens, je suis assez froid dans mon analyse.

Concernant les belligérants, face à un dictateur alaouite, chiite, solidement ancré dans ses positions et prenant militairement le dessus ces derniers mois qu’avons-nous ? Une rébellion Sunnite. Dans un pays avec de forte minorité Musulmane Chiite comme les Alaouites ainsi que Kurde, Druze et Chrétienne ce détail a son importance. Nous sommes sur la plus ancienne ligne de fracture du monde musulman entre Chiite et Sunnite. Entre l’Iran et le complexe saoudi-quatariote. La rébellion armée est en grande partie menée  par des islamistes sunnites en quête de jihad donc pas forcément ouverte à la présence de Chrétien ou de Druzes jugés aposta. La force de ces fondamentalistes est telle que la rébellion « laïc » est militairement affaiblie face à ces derniers et ne parvient pas à créer une réponse crédible à la chute du régime. Assad est soutenu par les minorités qui connaissent leur sort si ce dernier tombe, même la défaite de Assad à Damas ne mettrait pas fin à la guerre civile. Celle-ci pouvant évoluer vers une partition du pays avec nettoyage religieux à la clé ?

A cela rajoutons la présence d’une Russie possédant sur la côte syrienne une base navale stratégiquement fondamentale qui fournit en arme et soutien diplomatique le régime avec régularité et fiabilité. Rajoutons le jeu iranien via le hezbollah qui se bat au côté des loyalistes jouant un rôle majeur dans le retournement de situation sur le plan militaire durant l’été. N’oublions jamais le jeu israëlien qui est en première ligne. Et j’ai une pensée  pour ce pauvre Liban où cette guerre communautaire syrienne a des répercutions sous forme de combats armés et d’attentats.

Alors devons-nous attaquer Assad du fait de ce carnage à l’arme chimique ? Des parlementaires américains appellent à une action limitée dans le temps qui n’inversera pas la situation militaire. Car il est clair que personne en Occident n’a envie de remplacer Assad par un régime islamique ou de provoquer une partition du pays entre communauté au bout d’une autre guerre civile bien plus cruelle. Donc l’attaque consisterait à un ballet aérien sur des cibles  « stratégiques » sans engagement au sol.  Des dépôts d’armes chimiques ou des rampes de lancement de missile ? A quoi cela sert-il au fond?

Pour ma part je refuse l’idée de remplacer Assad par un régime qui s’attaquerait aux Chrétiens comme l’ont fait les frères musulmans avec les Coptes.  Sans oublier les conséquences sur notre sol national d’un pays dans un chaos afghan si proche de nous. Cette situation est désespérante.
La Syrie est au cœur du sac de nœud géopolitique de l’Histoire. Ce n’est pas nouveau. Devons-nous prendre le risque d’une escalade dans cette région ? Quels risques pour Israël ou la Turquie? Je crains que de toute manière, il n’y ait pas de bonne décision qui réglerait le problème globalement, comme toujours au Proche Orient.

 A bientôt.

Grégory Sansoz