La révolution de Jasmin continue d’enivrer les peuples de la rive sud de la méditerranée. Si en Algérie la situation à l’air de rester plus ou moins sous le contrôle, en Egypte la situation est un peu plus remuante.
De grandes manifestations ont eu lieu dans le pays. On compte deux manifestants morts à Suez et un policier lynché au Caire. On retrouve en Egypte le même cocktail qu’en Tunisie avec un dirigeant autoritaire en place depuis 30 ans, une crise des prix sur les matières premières, beaucoup de corruption et une pauvreté peut être plus vive qu’en Tunisie. Il est à noter des différences majeures auxquelles nous devons être attentifs si une démocratie commence à se mettre en place dans le pays. Voici une étroite grille de lecture.
Les Frères Musulmans.
Il existe en Egypte un parti politique islamiste qui est très actif. Fondé en 1928, les Frères musulmans sont un peu la première génération d’islamiste avant la révolution iranienne et le Wahhabisme. Le fond de leur idéologie étant anti-occidental et visant à une renaissance islamiste avec l’installation la de la Charia. Si ils sont écrasés par le gouvernement qui fait en sorte que les élections ne les favorisent pas trop, le dernier scrutin et le boycott des Frères en est le parfait exemple, ils forment tout de même le principale groupe d’opposition. Ils ont entamé des réformes internes qui visent à les rendre plus efficace. Nul doute qu’ils sauront exploiter une chute du régime.
Donc si en Tunisie, le risque islamiste était ectoplasmique vu l’élimination menée par le régime Ben Ali, en Egypte la question mérite d’être posée. Tout en ne justifiant en rien un soutien aveugle au régime actuel.
Israël et la Bande de Gaza
N’oublions pas que l’Egypte joue un rôle majeur dans la région en terme diplomatique. Sa frontière commune avec Israël et surtout la bande de Gaza (trafic d’arme par les tunnels) fait que l’Etat Hébreux est très actif ses derniers temps sur le sujet et s’inquiète de la dégradation du climat chez son voisin. Les répercussions dans la région sont à évaluer surtout vis-à-vis du Hamas à Gaza.
Le Canal de Suez.
Si son intérêt stratégique a baissé, beaucoup de navire sont maintenant trop gros pour lui et contourne l’Afrique, Suez reste un passage stratégique pour la navigation mondiale. Quand Nasser le privatisa dans les années 50, la France et l’Angleterre lancèrent une opération militaire.
Le pain en Egypte.
Si en France nous pensons avoir une relation particulière avec le pain, les Egyptiens en sont parmi les plus gros consommateurs. S’ils ne connaissent pas le plaisir de la baguette, les égyptiens en font le cœur de l’alimentation. La hausse du prix de ce dernier est une catastrophe sociale qui provoque de grands mouvements sociaux comme en 2008 avec les émeutes de la Faim. Mais surtout, rappelons-nous que les dernières grandes manifestations équivalentes au mouvement actuel en Egypte date de 1977 et avait pour raison la hausse du prix du pain.
La communauté Chrétienne.
A relier avec mes inquiétudes sur la question de l’islamisme, nous nous devons être attentif à la situation des chrétiens égyptiens qui ont eu à subir de violentes attaques durant les dernières années. N’oublions pas que la France a un rôle historique de protection des chrétiens d’Orient depuis François 1er tout comme nous avons un rôle vis-à-vis des peuples opprimés.
Aux égyptiens de décider de leur avenir, espérons qu’ils fassent les bons choix.
A Bientôt.
Grégory Sansoz