Migrants, au-delà de l’émotion, posons les bonnes questions et agissons avec raison.

Photo ADH UN 2014

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L’Europe est confronté à un défi historique, des colonnes de milliers de familles marchent en direction de notre espace de paix, affrontant la mort et les passeurs. Nous sommes comme pétrifiés ne sachant comment agir.  Ils sont déplacés syriens, irakiens, afghans, migrants économiques d’Afrique ou d’ailleurs. Ils viennent pour trouver la sécurité ou une vie meilleur. Nous, sommes entre le refus et l’envie d’aider, cela est salvateur et permet de poser les questions.

Sur le cas particulier des syriens, je m’interroge sur deux faits. Pourquoi le HCR n’a pas plus de budget pour les camps de réfugiés au Liban, en Jordanie ? Pourquoi la route des Balkans via la Turquie s’est ouverte d’un seul coup et que le prix du passage s’est effondré ?

Maintenant, nous ? Que faisons-nous ?
L’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde, donc tous ces migrants n’ont pas leur place en Europe. Mais elle doit prendre sa part, alors comment agir?
Nous, français? Nous connaissons la situation de notre société et nous avons peur. Si la peur est mauvaise conseillère, elle peut vous avertir des dangers. Soyons clair le refus de 56% de français d’accueillir définitivement 100 000, 200 000 déplacés est lié aux fractures de notre société pas à un refus d’assumer notre statut de pays riche. Ce fait est très profondément ancré chez les français mais nous ne pouvons rester insensible face à cette situation.

Commençons par faire la différence entre migrant économique, réfugié politique et déplacé de guerre.

Pour les migrants économiques venant clandestinement en Europe pour travailler,sans papier, l’expulsion doit-être la règle intangible.  Les dossiers doivent être traité rapidement et les expulsions toutes aussi rapidement appliquées. Je reste favorable à l’immigration choisie.

Il faut stopper ce qui provoque ces départs, je suis favorable au co-développement. Aidons les pays à se développer, nous y serons tous gagnant. Je fais deux propositions :

  • Créer des formations à l’entrepreneuriat, en agronomie, en ingénierie sur place et de manière massive. Pourquoi ne pas envisager des antennes de nos prestigieuses écoles de commerce ou d’ingénieur dans des pays africains à potentiel ? Formons ceux qui seront la future classe moyenne dans ces pays.
  • Créer des points french tech pour favoriser la diffusion des technologies dans les pays ciblés.

Pour les réfugiés politiques, le meneur d’une opposition au pouvoir Érythréen qui a fuit son pays n’a pas vocation à se suicider en y retournant. L’asile politique existe et doit être respecté par la France et l’Europe mais sans le dévoyer.

Quand aux déplacés de guerre que nous voyons arriver de Syrie mais aussi d’autres contrées. Il y a 4 millions de syriens en dehors de leur pays. Il est légitime que les français et les européens s’interrogent sur 4 millions de personnes qui ne sont pas de notre espace civilisationnel et devront apprendre notre culture démocratique. Peut-on les accueillir ? Cela doit poser question. Si la France applique le même ratio que l’Allemagne par rapport à sa population. Nous aurions alors 600 000 syriens en France. D’ailleurs comment les accueillir, les loger, leur trouver un emploi ???

En échangeant avec les français, il est facile de cerner très rapidement le problème. Bien sûr que tous ont envie d’aider ces personnes. Personne n’a le cœur assez dur pour ne pas réagir aux nombreux enfants qui meurent sous les bombes ou sur les plages… Depuis des années… Ce qui est au cœur des inquiétudes se résume à une simple phrase :

« Comment intégrer des centaines de milliers de gens alors que la machine de l’intégration est brisée? N’allons nous pas nous perdre nous même ? »

L’équilibre de notre société française est fragile, ne minimisons pas cette question sous le coup de l’émotion, nous le paierions à moyen terme.

Et si nous nous posions la mauvaise question ? Au fond, devons nous en faire une migration de peuplement définitif et de masse ? Ma réponse est non, les français, les européens ne l’acceptent pas. La guerre en Syrie devra se terminer et les syriens devront rentrer pour reconstruire leur pays. Nous les aiderons alors comme les compagnons de route que nous auront été. Nous devons prendre notre part mais pas toute la misère. Et cela doit être le contrat de base de leur accueil en Europe, accueil qui ne doit pas être massif. Nous devons préférer aider sur place.

Pour cela je propose :

  • La création de centre d’accueil, comme cela avait été fait lors de la guerre en ex-yougoslavie. Dans ces lieux l’enseignement devra avoir une place importante pour les aider à préparer l’avenir et leur retour dans un pays qu’il faudra reconstruire.
  • La suspension du droit du sol afin que l’obtention de la nationalité d’un pays européen ne devienne pas une raison de fixation qui nous ferait retomber dans le problème de l’intégration, etc…

Mais la migration vers l’Europe ne doit pas être la règle :

  • Notre frontière commune européenne doit être défendue, cela est  indispensable pour la crédibilité de l’UE auprès des citoyens.
  • Nous devons mener une guerre sans pitié contre les passeurs.
  • Agir sur le financement des camps à proximité de la Syrie et aider les pays limitrophes dans leur lourde tache. Le petit Liban est au bord d’un gouffre, ils sont nos amis, nous devons les aider. N’oublions pas que plus la frontière est proche, plus le retours au pays est facile. Agissons au plus près afin de stopper les départs et éviter le carnage en mer.
  • Instruire les dossiers d’asile directement au Liban, en Turquie ou en Jordanie.
  • Agir sur la situation en Syrie, Daesh doit être détruit et une solution politique trouvée. Cela passe par une collaboration avec l’Iran et la Russie.

Nous devons privilégier la raison et l’efficacité. L’émotion est mauvaise conseillère tout comme l’inhumanité.
Et part pitié que BHL se taise…

A bientôt.

Grégory Sansoz