Une journée française.

18 juin, cette journée était pour moi  placée sous l’égide du Général de Gaulle.  Les 70 ans de l’appel du  18 juin 1940 ayant été mis en avant comme une fête nationale. En ce vendredi je me levais donc certes avec une gueule de  bois footbalistique qui fait mal au sentiment national, mais avec l’envie de faire de cette journée un moment dédié à cette statut du Commandeur où chacun y pioche ce qu’il veut.  De Gaulle.

Qui est de Gaulle aujourd’hui ? Je crois qu’on peut l’assimiler à une composante de l’essence française, un apport majeur à la construction de notre imaginaire collectif.  Le Gaullisme n’est pas mort, il n’est ni de droite ni de gauche, on parle de Gaullisme du renouveau. On nous sert du de Gaulle dans tous les camps. Cet homme ne s’appartient plus, il disait que l’élection du Président au suffrage universel était  la rencontre d’un Homme avec le peuple. Il a réussit cette rencontre, il appartient au peuple de France ou bien est-ce l’illusion d’un camp ?

C’est donc  avec le sentiment de fêter ce qui symbolise la force de la Nation Française et sa capacité à trouver la lumière dans le plus noir Chaos que je débute ma journée Gaullienne en allant admirer la collection d’affiche retraçant la carrière de cet homme, de Juin 40 à juin 68… Charbonnières les Bains aux couleurs gaullistes en compagnie de personne qui ont souvenir de cette épopée.

A  midi une trompette sonne dans la presse, faisant biper mon portable, ce tocsin moderne. Mort du Général Bigeard. Mourir en ce jour ! Ca a de la gueule mon général ! J’en a attendais pas moins d’un grand officier comme vous. Jamais deux sans trois, je vous souhaite un bon dernier saut sur Dien Bien Phû. Ce coup-ci vous tiendrez le terrain pour de bon, resterez indélogeable et emmerderez nos diplomates une dernière fois.

L’après midi est consacré à un café entre amis suivit des cérémonies officielles lyonnaises. Alors que la rose rouge  nommée Villeurbanne annonce que, enfin, un square portera le nom du général de Gaulle, le grand Homme étant jusqu’alors méprisé. L’UMP villeurbannaise remporte enfin une victoire. Il faut aussi savoir que la dénommée place Charles de Gaulle au pied du fameux crayon n’existe pas sur les cartes… Tien une nouvelle cause militante pour Régis Lacoste après Villeurbanne ?

Les autorités sont donc là, Nora Berra, Michel Mercier, Gérard Collomb, Michel Havard, les généraux en charge de la zone militaire. Emmanuel Hamelin n’est pas pas loin. « Ouvrez le ban » discours, Musique, dépôt de gerbe, porte drapeau, musique,  « fermez le ban ». Prix spécial du jury pour Emmanuelle Haziza, belle comme une institutrice de primaire entourée de sa classe.
L’affaire est expédiée… Peu d’élu des arrondissements. De Gaulle n’est-il pas en vogue chez le PS lyonnais?

La soirée avance, attablé à une terrasse,  bouteille de rosé et  saucisson exterminés par des amis. N’y voyez aucune idéologie, je précise vu l’actualité. A partir de 22h, LA question apparait, légèrement teintée d’inquiétude comme si la réponse pouvait avoir une influence sur la suite de la soirée : quel est le score du match de la soirée. Non pas qu’il intéresse en lui-même mais l’après match oui. Il tombe 0 -0… Les klaxons commencent à retentissent, bruit de moteur, hurlement de joie, drapeaux vert blanc frappés de rouge… L’esprit est bon enfant, méditerranéen, remuant de joie et de fierté. Les 12-18 ans étant majoritairement à pied, les autres en voiture. Groupé autour d’un immense drapeau algérien un groupe d’une cinquantaine de personne descend la rue de la République allant vers  la Guillotière.  Je le suis avec la fine équipe. Posté sur le pont de la Guillotière des unités de la BAC et des CRS installent un cordon afin de freiner/gêner/ amuser l’attroupement de supporter qui se créer place de la Guillotière. On s’aperçoit que nos costumes font un peu tache tout de même et on nous regarde un peu de travers.  Ces supporters  finissent par se diriger vers Bellecour non sans adresser quelques « viva algeria » en passant à coté des forces de l’ordre qui préfère accompagner que stopper et d’où un « vous avez fait un nul bande de rigolo » mémorable sort faisant sourire des passants. Parce durant cette soirée presque estivale, enfin, il faut bien voir que deux bulles hermétiquement isolées se sont partagées Lyon hier soir. Une bulle exaltant quand l’autre s’étonnait, s’agaçait qu’un match nul provoque ce désordre. La remonté de la rue de la République se met alors en place. Le mobilier public subit cette joie excessive. Arrivant à Cordelier, je vois refouler à grande vitesse vers moi de jeunes supporter, entend deux  « poumb » aux résonnances ferreuses, ce bruit si particulier, mon Général, qui annoncent quelques étincelles brillant dans les airs suivit d’un bruit de canette métallique rebondissant à 1 mètre  de moi et commençant à cracher ce poivre qui assaisonne si généreusement l’atmosphère.

Moralité, ne pas se balader dans une manifestation de joie qui dérape  en tenu de cérémonie. Non pas que cela est dangereux ou autre… Juste que ça attire l’œil des grenades aux poivres.

Assez d’émotion pour ce soir… Je préfère aller finir mon verre de rosé pour digérer tout ce que j’ai vu, entendu et en tirer des remarques personnelles.

De Gaulle, Bigeard, amitié, souvenir, convivialité, questionnement… Algérie… 18 juin 2010, ma journée française.

Grégory Sansoz.